Fruit d’une conversation entre une pionnière du Contrôle bibliographique universel (CBU) et un conservateur de la génération internet qui dirige l’agence bibliographique nationale française,
Fruit d’une conversation entre une pionnière du Contrôle bibliographique universel (CBU) et un conservateur de la génération internet qui dirige l’agence bibliographique nationale française, ce texte célèbre à sa manière le 40ème anniversaire de la fondation du CBU. Nous avons voulu relire ensemble les déclarations aux origines du CBU et partager nos questionnements et nos intuitions sur son avenir. Le CBU reposait sur quelques idées ambitieuses mais simples : le savoir qui fait la richesse et le patrimoine d’une nation s’exprime dans des publications, au départ imprimées sur support; chaque Etat doit se doter d’une agence chargée de collecter et de décrire les collections d’intérêt national ; cette description doit se faire dans le respect de normes bibliographiques internationales, dont la principale fonction est de faciliter l’échange de notices standardisées ; ces échanges visent à répartir les tâches à travers le monde et à rendre possible l’accès pour chacun, via les bibliographies et les catalogues, à un vaste ensemble de ressources encyclopédiques de portée universelle. L’idéal fondateur du CBU était à mi-chemin de celui de la Bibliothèque d’Alexandrie et de celui de Google. Il embrassait à la fois le rêve antique d’une maîtrise de tous les savoirs du monde et la construction d’un accès global et distribué à l’information. Dans cette vision, antérieure à la propagation de l’internet, l’idée qu’un usager pût accéder par lui-même à la somme des connaissances était inconcevable : les bibliothécaires étaient encore perçus comme des acteurs incontournables de la diffusion des savoirs. Et le réseau mondial des bibliothèques imaginé par le CBU préfigurait en quelque sorte un « internet des bibliothèques ». Que faut-il retenir de cet héritage? Le CBU est-il dépassé ? Selon nous, l’histoire du CBU contient dans le récit de ses propres mutations les clés d’une possible refondation qui, sans qu’on s’en rende forcément compte, est déjà en marche.The outcome of a conversation between a pioneer of Universal Bibliographic Control (UBC) and a digital native head librarian director of France’s national bibliographic agency, this paper celebrates UBC’s 40th anniversary in its own way. We wished to read UBC’s founding statements once again, and share our questions and thoughts as to what its future might be. UBC used to rest upon a few simple yet ambitious ideas: knowledge, the basis of a nation’s wealth and heritage, is expressed in publications, originally printed onto a carrier; every country ought to invest in a national bibliographic agency in charge of collecting and describing any resource of national interest; this description must follow international bibliographic standards, the primary function of which is to facilitate the exchange of standardised records; this exchange works as a worldwide division of labour and enables universal access to a broad set of encyclopaedic resources via bibliographies and catalogues. UBC’s founding principle stood in-between those of the Alexandrina and Google. It adhered both to the Ancient dream of mastering all the knowledge in the world and to the modern-day building up of global, routed access to information. In this vision predating the dissemination of the Internet, the very idea that a patron should have access to the sum of current knowledge on their own was inconceivable: librarians were still considered key figures in the diffusion of knowledge. And the worldwide library network envisioned by UBC somehow heralded an “Internet of libraries”. Is there anything left of this legacy? Has UBC been overtaken? In our opinion, the very story of UBC’s history carries the seeds of an unbeknownst overhaul.
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