Le profil est le fruit d’une co-construction par les plateformes, les réseaux et les personnes. L’individu qui s’éditorialise est d’abord soumis aux dispositifs qui régissent chaque service
Le profil est le fruit d’une co-construction par les plateformes, les réseaux et les personnes. L’individu qui s’éditorialise est d’abord soumis aux dispositifs qui régissent chaque service. À la fois collectionneur et collection de données, quelle autonomie peut-il retirer de l’éditorialisation de soi ? Est-elle le stade ultime d’une aliénation aux logiques de profilage, comme dans les formes extrêmes de quantified-self ? Ou désigne-t-elle une voie d’émancipation par laquelle le sujet se réapproprie la production de son identité ?Mis en réseau, l’individu connecté est aussi traversé par les autres, s’écrivant lui-même dans un tressage de réactions, conversations, bifurcations. À partir de quand ce réseau produit-il autre chose que de l’interaction ? Entre le like et la redocumentarisation collaborative, y a-t-il seulement une différence de degré, ou l’éditorialisation ne commence-t-elle qu’à partir d’un certain seuil d’intervention ? La connexion ne suffit pas à produire du collectif. L’éditorialisation en revanche implique une intentionnalité de mise en commun, à travers des protocoles de discussion, de réplicabilité et de transmission. Peut-on alors considérer que l’éditorialisation serait ce qui permet de passer du graphe au groupe ?Irène Bastard est ingénieur et docteur en sociologie, mêlant dans ses travaux sur les TIC des approches opérationnelles et des études d’usage. Elle a participé au projet Algopol (http://algopol.fr) pour la mise en œuvre d’une application permettant d’enquêter à partir des comptes Facebook des participants à l’étude. Ses recherches portent en particulier sur le partage des informations en ligne, activité explorée à partir des traces numériques accumulées sur chaque compte d’enquêtés par Facebook et à partir d’enquêtes qualitatives avec des adolescents.Éric Méchoulan Ph.D. de théorie littéraire au Département de littérature comparée de l’Université de Montréal, Éric Méchoulan détient également un doctorat ès lettres de la Sorbonne nouvelle sur le corps et la culture dans la littérature française du XVIIe siècle (Le corps imprimé, Éditions Balzac : 1999). Il est professeur au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal depuis 1995.Il s’intéresse aussi à l’environnement numérique avec deux équipes de recherche : « Modèle d’une lecture hypertextuelle d’une pensée politique de Pascal » et « archiver à l’âge du numérique ». Ses recherches actuelles portent sur l’histoire matérielle des idées et les études intermédiales en proposant une « herméneutique des supports ». Il dirige actuellement le Virtuoso (Centre de recherche sur les usages, cultures et documents numériques). Il a notamment publié D’où nous viennent nos idées ? Métaphysique et intermédialité (VLB, 2010).Louise Merzeau est Maître de conférences HDR (habilitée à diriger des recherches) en Sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris X). Elle est responsable de l’Axe 4 : Tracabilités, identités et mémoires numériques du laboratoire DICEN-IDF (Dispositifs d’Information et de Communication à l’Ère Numérique - Paris, Île-de-France), dont elle est directrice adjointe.Elle a co-dirigé la publication de Wikipedia, objet scientifique non identifié (Presses Universitaires de Paris Ouest, 2015), et est l’auteur de plusieurs chapitres d’ouvrages collectifs et de nombreux articles sur la question de l’identité en rapport avec la mémoire, entre autres, en contexte numérique.Elle organise et contribue régulièrement à des ateliers et séminaires de réflexion sur les questions reliées à la culture numérique, y compris plusieurs séances au fil des ans dans le cadre de "Écritures numériques et éditorialisation"
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