TY - JOUR T1 - Rouen et les « libraires forains » à la fin du XVIIIe siecle : la veuve Machuel et ses correspondants (1768-1773) JF - Bibliothèque de l'école des chartes Y1 - 1989 A1 - Jean-Dominique Mellot AB -

Délibérément sous-évaluée lors de l'enquête royale de 1764, la librairie de Rouen figure au XVIIIe siècle parmi les grands centres européens de transit et d'approvisionnement en livres contrefaits, clandestins ou populaires. Mais en parallèle, en complémentarité même avec le réseau à large trame des clients sédentaires, les libraires de Rouen alimentent un actif commerce « forain », reposant sur des intermédiaires jusqu'ici fort mal connus. La correspondance nourrie qu'a entretenue avec eux la veuve de Jean-Baptiste III Machuel entre 1768 et 1773 révèle tout l'intérêt, pour les producteurs et fournisseurs rouennais, de pareils libraires sans boutique. Des dizaines de ces marchands forains, originaires en grande majorité de la campagne coutançaise, quadrillent en famille ou en groupe le quart nord-ouest de la France, ne regagnant leurs bases qu'à la morte saison ou pour de courtes trêves. « Errants », « va-nu-pieds » aux dires des gens de justice, les « marchands de livres », comme ils se dénomment eux-mêmes, savent où ils mènent leurs charrettes. Loin de vivre de la charité de leurs pourvoyeurs, ils leur sont devenus, et depuis longtemps, d'efficaces « facteurs » pour le débit de toute sorte de marchandise... la plus demandée n'étant certes pas la moins compromettante.

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