Les inventaires des bibliothèques princières du début du XVe siècle opposent assez nettement deux modes d’enluminure. Il est des livres dits « très richement historiés », d’autre
Les inventaires des bibliothèques princières du début du XVe siècle opposent assez nettement deux modes d’enluminure. Il est des livres dits « très richement historiés », d’autres seulement « historiés de blanc et de noir ». Malgré un certain flottement lexical et le caractère non systématique de ces notations, elles semblent recouvrir une distinction d’ordre esthétique qui faisait sens pour l’époque. Cette distinction n’est pas la seule qui se rapporte aux peintures du livre. Entre « historié » et « très bien historié », une gradation s’établit qui renvoie non plus au mode mais à la qualité de l’enluminure. Et entre livres « historiés au commencement » et livres « historiés en plusieurs lieux », « où il y a plusieurs histoires » ou encore « historiés tout au long », les inventaires opèrent une autre distinction suivant que l’on a affaire à des manuscrits avec une page frontispice ou à des manuscrits dotés d’un cycle d’illustrations. Car le nombre des enluminures, comme leur qualité d’exécution, comme la richesse de leurs matériaux, faisaient, avec ses fermoirs et sa reliure, la valeur du livre. Suivant les circonstances, cette valeur patrimoniale qui est aussi valeur marchande pouvait donner lieu à une prisée, dans les inventaires après décès par exemple, ou ceux préalables à une vente. Les précisions sur le nombre et la qualité des enluminures sont alors données d’autant plus volontiers qu’elles concourent à l’estimation du livre. Mais qu’est-ce exactement qu’historier de blanc et de noir ?
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